C’est un long couloir blanc, éclairé d’une mystérieuse lumière blanche. Les hommes que vous croisez vous saluent poliment avec un grand sourire, leurs yeux brillent de bonheur, ils sont habillés de blanc et marchent silencieusement pieds nus, vous leur rendez le salut et continuez à avancer. Dans ce paisible silence, l’on n’entend que vous, marchant, avec vos grosses chaussures, vous en avez hontes, baissez la tête pour ne pas le monter aux hommes et continuez d’avancer. Le bout du couloir est si près que vous n’arrivez pas à l’atteindre, et d’ailleurs, savez vous au moins pourquoi il faut l’atteindre ? Non, vous ne savez rien, rien de cette endroit ne vous est familier, vous savez même pas où vous êtres, ni qui vous êtres, et encore moins comment vous êtres arrivé ici. Depuis combien de temps marchez vous droit devant vous sans même vous demander si marcher à un sens, et si cela en a un, celui-ci est-il le bon ? Toutes ces questions vous tournent la tête mais aucune réponse ne vient alors vous vous dites que la solution est au bout du couloir et vous continuez encore et toujours avec cette sensation que tout recommence. Vous comptez le nombre de pas entre chaque salut que vous ne rendez même plus, cinq pas pour le premier, douze le second, sept le troisième, dix le quatrième, cinq le suivant…
« Cinq ? J’ai croisé le premier homme à cinq pas, vérifions ! »
Mais c’est trop tard vous avez ralenti, huit pas pour le second, neuf le troisièmes…
La fatigue commence a se faire sentir, vous avez soif et faim, depuis combien de temps marchez vous ? Vous n’en pouvez plus, il vous faut des réponses, vous vous mettez à courir sans même penser, réfléchir, vous bousculez les hommes que vous croisez sans vous excusez. Puis après une longue course vous ralentissez, vos muscles vous tiraillent, vous reprenez lentement votre respiration en soufflant tête baissée, regardant le sol, vous n’en pouvez plus, vous vous retenez de vomir…mais l’effort a été trop important, vous vomissez une sorte de bouillie grisâtre sans le moindre goût et sans même vous en rendre compte, marchez dedans en vous tenant au mur avant de vous écrouler rompu de vos derniers efforts. Les hommes vous enjambent saluant toujours poliment sans un mot et continu le chemin tranquillement, le temps semble long, très long, votre fatigue s’accentue, vous fermez les yeux l’espace d’une seconde…