Je marche. Il fait froid. Le vent glacial me fouette les joues, me lacère le visage. Il fait nuit. Les étoiles, la lune éclairent le chemin mais ce n’est pas le mien. Je divague, je me perds, je m’oubli, j’oubli. La solitude, le silence m’emporte, me transporte loin, très loin de ce monde, de ma vie. Je suis déjà ailleurs, heureux, sans peines, sans problèmes, dans un autre monde. Dans mon monde, je suis enfin libre. * L’humidité tombe, elle me glace les os, me tétanise. Je ferme les yeux et me laisse bercer par l’idée d’une mer calme, d’un soleil d’été, sur un petit voilier ou encore d’une aventure en pays étranger. Il y a un délicat parfum de campagne. L’odeur du foin, de l’herbe séchée emplie mes narines, m’enivre. Je respire profondément, je me sens bien, je me sens léger. Que j’aime ce moment de solitude ! ** Malheureusement, le temps glacial, humide, érode petit à petit mon plaisir. Alors, lentement, posément, je reviens sur mes pas, je retourne à la vie, je change d’habit et me métamorphose en moi.
**Je sais, je sens malheureusement derrière moi, à quelques pas, les regards, les commentaires gorgés d’incompréhension. L’on ne comprend pas pourquoi je m’isole. Pourquoi je reste dans la nuit seul tandis que, à l’intérieur, au son de la musique, l’on s’amuse. A ces personnes, inconnus, ou amis, famille ou non, je ne sais quoi dire sans briser leur gaité pour expliquer mes petits délires nocturnes.
*Ceci est pourtant ma punition, mon châtiment pour n’être que moi, pour ne pas être capable de tant de chose si simple. Je l’accepte. Je l’apprécie même face au supplice de paraître un autre, je la préfère face à mes peurs.
Loïc Mouquet 09/02/10
* et ** correspondent aux fin des premières versions qui datent du même jour mais pas les mêmes heures !